Face à une détresse psychologique croissante, l’empathie émerge comme une compétence clé, influençant non seulement les relations humaines mais aussi la performance au travail. Découvrez pourquoi cultiver cette qualité devient essentiel pour un monde plus connecté, résilient et inclusif. L’auteure partage des perspectives inédites, invitant chacun à réfléchir sur son propre niveau d’empathie et son impact sur la vitalité globale des individus et des organisations.
Article par Sandra Beckrich.
Coach consultante certifiée, formatrice et conférencière.
44% des salariés français sont en détresse psychologique selon le dernier baromètre Opinionways.
Les chiffres ne sont pas meilleurs chez les jeunes, le Haut conseil de la famille et de l’enfance paru le 7 mars a diffusé des chiffres alarmants : +62% d’antidépresseurs en 7 ans, 1 élève sur 4 en état de stress avec risques importants sur sa santé mentale, 50% des enseignants souhaitent le développement des compétences émotionnelles des élèves.
La qualité des relations humaines influence significativement le 1er besoin psychologique de l’être humain, à savoir se sentir entendu et compris. Si ce besoin n’est pas nourri suffisamment, dans la vie personnelle comme professionnelle, cela génère un risque psycho-social et contribue à la détresse psychologique.
Faire preuve d’empathie envers les autres nourrit ce besoin.
Le niveau d’empathie conditionne en partie la qualité des relations humaines car l’empathie est directement liée aux interactions sociales avec autrui. Quand deux personnes font preuve d’empathie, la relation est plus saine, équilibrée, fluide et constructive : chacun se sent entendu et compris. Quand il y a un manque d’empathie, la relation se dégrade.
Comme dans la vie personnelle, en entreprise, lieu de travail et aussi d’épanouissement, l’empathie est devenue une compétence clé parmi les plus recherchées.
Une étude menée en 2018 par le cabinet de conseil en ressources humaines Development Dimensions International (DDI) a révélé que l’empathie était la deuxième compétence la plus importante pour les dirigeants, après la capacité à gérer les performances.
Dans une enquête menée en 2019 par le Forum économique mondial auprès de chefs d’entreprise, l’empathie a été classée comme la troisième compétence la plus importante pour les employés, après la résolution de problèmes complexes et la pensée critique.
Elle fait partie des compétences sociales et émotionnelles de l’intelligence émotionnelle. Et l’intelligence émotionnelle, ça CLAC ! Car elle favorise une meilleure Collaboration, un meilleur Leadership, une meilleure Adaptabilité et une meilleure Communication.
Qu’est-ce que l’empathie ?
Il est souvent dit que l’empathie est la capacité à se mettre à la place de l’autre. Cette idée ne me semble pas juste, car l’empathie est avant tout d’être tourné vers l’autre. Même en vivant les mêmes expériences que l’autre, nous avons notre propre cadre de référence, nos filtres. D’ailleurs si vous dites à quelqu’un que vous ne connaissez pas bien « oui oui, je comprends », ne répond-il pas « tu ne peux pas comprendre ! » ? Avoir vécu ou vivre la même expérience qu’une autre personne ne prédit ou ne garantit pas l’empathie.
Une définition plus juste de l’empathie serait la capacité à « imaginer l’autre dans SA situation ». Faire preuve d’empathie, c’est savoir identifier, comprendre et prendre en compte les émotions, les intentions, les pensées et les besoins d’autrui, sans s’identifier à lui.
Cela requiert de s’intéresser à l’autre, d’apprendre à le connaitre, de manière personnelle (sans envahir sa bulle personnelle).
C’est le liant social et émotionnel qui nous aide à créer et maintenir des relations saines, à adopter une communication et un soutien justes et appropriés.
« L’empathie aide à créer des liens entre les collègues et constitue le fondement d’un lieu de travail résilient et inclusif, bien qu’elle soit souvent sous-estimée en tant que compétence professionnelle, nos résultats suggèrent que l’empathie est essentielle au succès dans l’avenir du travail » Van Bommel, T. (2021). The power of empathy in times of crisis and beyond. Catalyst.
Pour résumer, l’empathie, c’est comprendre ce qui se passe et comment l’autre en est arrivé là.
Attention, l’empathie ça n’est pas que l’affaire des autres ! Ce n’est pas non plus exiger que tout le monde soit calme et heureux tout le temps !
Pour faire simple, l’empathie c’est la COMPREHENSION – faire preuve d’empathie c’est trouver la juste distance et comprendre.
Faire preuve d’empathie, c’est se connecter à l’autre :
« Je te vois. Je reconnais ton existence. Tu n’es pas seul. Je te vois tel que tu es, avec tes émotions, dans ton entièreté, avec tes singularités qui font ta richesse… »
« L’empathie est au cœur de la communication : écoute totale, profonde, désintéressée, qui ne cherche pas à influencer l’autre ou la qualité de l’échange. C’est être pleinement dans l’instant et à l’écoute véritable des besoins de l’autre. L’empathie nécessite de se mettre en lien avec l’autre, quel que soit ce qu’il a à nous dire, sans nous identifier à lui, ni mettre notre ego en avant. » L’attitude empathique – La boite à outils de l’intelligence émotionnelle, Dunod.
Créer l‘alliance qui fait la différence, c‘est faire preuve d‘une empathie qui va au-delà de se mettre à la place de l‘autre. C‘est écouter réellement l‘autre avec tous ses sens, accueillir ses émotions, comprendre ses besoins et communiquer en résonance avec ceux-ci.
Quel est le lien entre l’empathie et les émotions ?
Faire preuve d’empathie, c’est écouter les émotions pour accroître son énergie et celle des autres.
« Les gens ne résistent pas naturellement au changement, ils résistent à la peur de l’inconnu, à la souffrance perçue du changement ». Démontrer de l’empathie pour soi et pour les autres, exige donc de comprendre notre propre fonctionnement social et émotionnel, et de mieux comprendre celui des autres.
Vouloir agir avec empathie dans ses comportements, sa communication ou ses actes, sans percevoir correctement les émotions, c’est risquer de faire des erreurs d’interprétation et de jugement. C’est passer à côté de ce qu’exprime l’autre et ce dont il a besoin.
La majeure partie des incompréhensions dans les relations humaines sont issues d’un manque de connaissance et de compréhension des émotions (ce qu’appelle Claude Steiner « l’alphabétisation émotionnelle »).
« Si l’émotion possède bien un pouvoir, c’est celui de nous relier aux autres. » Robert Zuili
Intégrer la dimension émotionnelle dans ses relations, qu’elles soient professionnelles ou personnelles, est essentiel : cela signifie libérer l’énergie des émotions tout en régulant la façon dont elle circule. A ce titre, la régulation émotionnelle est une compétence indispensable pour composer avec les émotions avec lucidité et discernement.
Pourquoi développer son empathie aujourd’hui ?
Aujourd’hui, le déficit en empathie est majeur, dans notre société et dans nos organisations. Une étude reconnue conduite sur plus de trente ans, de 1979 à 2009 (Konrath et al, 2010), auprès d’étudiants américains, a montré que le niveau général d’empathie a chuté de manière impressionnante de 48% ! Et cela n’inclut pas les 10 dernières années d’augmentation drastique du narcissisme social, de la division politique et de l’isolation culturelle.
La qualité des relations humaines conditionne le bonheur, l’épanouissement et la performance des individus.
Dans le monde du travail, pour allier performance et qualité de vie au travail, les entreprises doivent s’attacher à développer et cultiver des comportements qui permettent d’y parvenir : Et devinez ce qui guident les comportements ? Ce sont les émotions…
Pratiquer l’empathie permet de cultiver un environnement de travail sécurisant où les émotions réelles sont exprimées et où les individus se sentent entendus et compris. Cela favorise l’implication, l’engagement, la fidélité, la créativité, l’innovation, et surtout l’épanouissement individuel et collectif.
Être capable de repérer et décoder les signaux faibles, et adapter sa communication et ses actions devient indispensable pour naviguer dans un environnement complexe et incertain. L’humain a besoin de lien, cultiver la reliance et le lien empathique devient une priorité.
L’empathie est utile dans les situations à fort enjeu relationnel, puisqu’elle consiste à aider l’autre à exprimer ses émotions afin de connaître sa vision de la situation et la façon dont il la vit.
Selon Forbes, « l’empathie, compétence clé de l’intelligence émotionnelle, aide les leaders à avoir (et retenir) des équipes innovantes et productives. Selon une étude récente, l’empathie n’est plus un « Nice to have » pour les leaders et dirigeants ; c’est un impératif stratégique. »
Une nouvelle recherche de Catalyst suggère que « l’empathie est une force pour l’innovation, l’épanouissement et l’intention de rester dans l’entreprise. (…) les entreprises dont les dirigeants adoptent l’empathie ont un avantage décisif. » Selon ce même rapport, « il est possible de cultiver et de développer l’empathie. L’empathie aide à créer des liens entre les collègues et constitue le fondement d’un lieu de travail résilient et inclusif. Bien qu’elle soit souvent sous-estimée en tant que compétence professionnelle, nos résultats suggèrent que l’empathie est essentielle au succès dans l’avenir du travail. »
Pourquoi muscler son empathie booste la vitalité globale des 3C ?
Acuité sensorielle (CORPS) : Reconnaitre les émotions, les siennes d’abord. Travailler son empathie passe par avoir plus d’empathie envers ses propres émotions, les accueillir dans son corps sans jugement, les sentir, leur intensité, et apprendre à les nommer. L’empathie envers l’autre, c’est reconnaitre son état émotionnel, ce qu’il se joue pour lui, capter avec tous ses sens : développer son acuité sensorielle, son intuition sociale.
Equilibre émotionnel (COEUR) : Réguler les émotions, les siennes d’abord. Travailler son empathie passe par la régulation de son empathie émotionnelle, utiliser sa sensibilité émotionnelle au bénéfice de l’équilibre émotionnel de tous, en commencant par soi.
Ne plus être submergé par ses émotions au point de ne plus réellement écouter l’autre. Retrouver de la lucidité tout en restant connectés, en symbiose. C’est favoriser la régulation émotionnelle de l’autre par la verbalisation de son état émotionnel. Se CONNECTER. Etre en résonance. Accorder nos cœurs pour mieux se comprendre.
Empathie cognitive (CERVEAU) : Résonner avec les émotions, les siennes d’abord, et celles de ses interlocuteurs. Après les avoir écoutées et accueillies, c’est comprendre les émotions, ce qu’elles ont à nous dire sur nous, nos besoins, sur l’autre, ses besoins et motivations. C’est mieux comprendre ce qui se joue pour nous et pour l’autre, et communiquer efficacement avec empathie pour permettre aux besoins insatisfaits sur lesquels que nos alliées, nos émotions, nous ont alertés, d’être nourris.
Pour résumer, nous sommes partenaire de nos émotions. Notre job à tous est de RESSENTIR l’émotion, la NOMMER, la COMPRENDRE sans la JUGER, poser les bonnes QUESTIONS, et AGIR d’une manière à la fois émotionnelle ET rationnelle. Cela est vital pour notre santé GLOBALE.
Comme l’a très bien écrit Isabelle Vandenbussche, « l’empathie instaure un lien énergétique entre 2 êtres vivants. Une forme de couleur où circule la chaleur vitale, ou s’échange aussi la connaissance. L’imaginaire donne à l’être humain la capacité de se mettre à la place de l’autre pour comprendre ses intentions. L’empathie devient source de créativité. Chacun peut se connecter à d’autres cerveaux que le sien. Le lien empathique ouvre le champ du mode collaboratif. »
Dans la vie personnelle, qui n’aspire pas à entretenir des relations mutuellement satisfaisantes avec leur entourage ?
Faire preuve d’empathie envers quelqu’un, en adoptant une attitude empathique, permet à l’autre de :
-De se sentir entendu et compris (1er besoin psychologique de l’être humain)
-De ne pas se sentir jugé
-De prendre conscience de ses émotions
-De s’exprimer plus librement et en confiance
-D’accéder plus facilement à ses ressources internes pour nourrir ses besoins
Faire preuve d’empathie envers quelqu’un, en adoptant une attitude empathique, vous permet :
-De capter les signaux faibles
-De mieux comprendre l’autre (ses besoins et ses motivations)
-D’être présent à l’autre, en trouvant la juste distance
-D’éviter les incompréhensions
-D’éviter de faire des erreurs d’appréciation
-De créer un environnement de confiance pour la relation
-De rendre les conversations productives
-D’ouvrir vos angles de vues et développer votre prise de perspectives
-De ne pas agir par réaction (sauveur, persécuteur ou victime)
-D’utiliser votre énergie et celle de l’autre à bon escient
La bonne nouvelle est que l’empathie est une compétence humaine essentielle qu’il est possible de développer.
Je vous invite à prendre un moment de réflexion :
Quel est votre regard sur l’empathie ?
Diriez-vous que vous faites preuve d’empathie dans vos relations personnelles et professionnelles ?
Avec qui est-ce le plus difficile pour vous ? sur quels sujets ? Pour quelles raisons ?
Dans quel cadre, dans quelles situations, avec qui, ressentez-vous l’envie ou le besoin de faire preuve de plus d’empathie ?
Quels sont vos comportements actuels dans ces situations / cette relation ?
Que gagneriez-vous à ne rien changer ? Que gagneriez-vous à adopter une attitude et une communication plus empathique ?
Comment vous sentiriez-vous alors ?
L’empathie est ce qui nous a permis en tant qu’espèce humaine de survivre et de réussir, et je crois profondément aujourd’hui que l’empathie est ce qui nous aidera à gérer tous nos conflits afin que nous puissions survivre et nous épanouir sur terre.
Je crois au pouvoir de l’empathie pour (re)connecter les humains à 4 niveaux : la connexion à SOI, la connexion aux AUTRES, la connexion à l’ORGANISATION, et la connexion au MONDE (Environnement)
Ma mission s’inscrit dans une volonté de créer un mouvement de changement social, guidé par et infusé avec la valeur de l’empathie, pour transformer le monde du travail et la société afin que chacun se sente entendu et compris, puisse réaliser son potentiel empathique et s’épanouir collectivement, au bénéfice d’une meilleure santé globale et d’une connexion plus vertueuse de l’humanité. Mon action est de contribuer à élever le niveau d’empathie dans les organisations et la société.
Article par Sandra Beckrich
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