L’Épidémie Silencieuse : Les dangers omniprésents des perturbateurs endocriniens dans notre quotidien.
Alors que 44% des salariés français font face à une détresse psychologique croissante, ce fléau invisible aggrave les problèmes de santé, de l’hypothyroïdie à l’obésité. Isabelle Doumenc propose des actions pratiques pour réduire l’exposition à ces polluants, des changements alimentaires aux choix de produits cosmétiques, et plaide pour des actions collectives. Un appel à protéger notre santé dans un monde pollué.
Article par Isabelle Doumenc, Ex-journaliste, naturopathe, autrice et conférencière.
Dans un monde où 44% des salariés français ressentent une détresse psychologique croissante. Les chiffres alarmants du Haut conseil de la famille et de l’enfance révèlent une réalité inquiétante chez les jeunes. Sandra explore comment l’empathie, souvent sous-estimée, est cruciale non seulement pour des relations humaines épanouissantes mais aussi pour la performance au travail. Cet article va au-delà de la théorie, offrant des perspectives pratiques sur le développement de cette compétence essentielle, invitant chacun à contribuer à un changement social guidé par l’empathie. Un appel vibrant pour un monde où la santé globale et la connexion humaine sont au centre des préoccupations.
Les perturbateurs endocriniens sont des polluants omniprésents et invisibles dans notre quotidien. Ils représentent une « épidémie silencieuse » mise en cause dans de nombreux problèmes de santé : hypothyroïdie, diabète, obésité, recrudescence des cancers du sein, de la prostate, infertilité, prématurité, troubles cognitifs et du langage… Ils sont partout, invisibles et nous polluent à travers ce que nous mangeons, buvons, respirons ou mettons sur notre peau. Vous connaissez sûrement des noms de ces molécules polluantes sans forcément savoir ou les trouver, ni comment les éviter : bisphénol, phtalates, PFAS, parabens, retardateurs de flammes, pesticides, insecticides…
Des polluants nocifs pour notre santé
Ces polluants perturbent notre système hormonal, système qui contrôle de multiples fonctions dans notre organisme dont la reproduction, la croissance et le métabolisme. Les hormones fabriquées par les glandes hormonales délivrent un message aux cellules de l’organisme. Pour remplir cette mission, elles se fixent sur un récepteur cellulaire, dont l’activation déclenchera des effets hormonaux. Le perturbateur endocrinien trompe notre système en prenant la place de l’hormone sur le récepteur. Avec deux conséquences : induire des effets identiques à l’hormone à un moment inopportun, ou bien bloquer les effets des hormones en les empêchant de se fixer à son récepteur.
Autre effet de ces polluants : ils génèrent un surcroit d’oxydation dans nos organismes (on « rouille » et cela entrave des mécanismes comme la fabrication de l’énergie) et nos lignes de défenses anti-oxydation sont souvent débordées. Résultat, ils induisent un manque de vitalité, de la fatigue et un terrain propice à des pathologies du vieillissement.
Il est donc nécessaire de limiter le plus possible notre exposition tout au long de notre vie, et plus particulièrement aux période de grossesse, des jeunes années de l’enfant, pendant la puberté et en cas de thyroïde fragile.
Parmi ces polluants, certains ne se fixent pas indéfiniment dans le corps, et limiter leur consommation est un moyen facile de diminuer son exposition.
Les phtalates : 6 actions pour réduire notre exposition
Les phtalates font partie des perturbateurs endocriniens que notre corps élimine rapidement en 24 heures, comme les parabens et bisphénol. Les études montrent de très bonnes améliorations des taux dans les urines, quand les personnes réduisent leur exposition. Ils sont identifiables dans notre quotidien dans des secteurs où il est vraiment possible d’ agir en modifiant ses habitudes.
Les phtalates sont des substances chimiques utilisées comme additifs dans les plastiques, certains cosmétiques et dans de nombreux aliments industriels.
Ils peuvent pénétrer dans nos organismes par l’alimentation, le contact avec la peau, la respiration.
Certains ont déjà été interdits, notamment dans des jouets ou cosmétiques, mais il en reste encore beaucoup trop, qui sont autorisés et provoquent des effets néfastes pour la santé des enfants et des adultes : asthme, obésité juvénile, diabète, diminution de la fertilité, baisse de minéralisation des molaire, hypothyroïdie, augmentation des cancers du sein, de la prostate.
Action 1 : réduire la consommation d’aliments industriels ultra-transformés
8 emballages sur 10 contiennent des produits toxiques comme ces phtalates qui migrent dans la nourriture, et à des niveaux plus élevés en cas d’aliments gras et/ou acides. Cette étude réalisée il y a 2 ans sur 60 emballages en papier ou carton*, en a trouvé dans des soupes en sachet, sacs pour les frites et pop corn, emballage de muffins, de céréales pour enfants, biscuits, pizzas, nuggets, etc… Pour les éviter, limitez au maximum les produits ultra-transformés, une consommation largement dénoncée pour ses effets néfastes sur nos organismes en dehors de cette pollution toxique : aliments trop gras, trop sucrés, trop salés, peu rassasiants, contenant peu de nutriments de qualité mais beaucoup d’additifs nocifs.
Repérez les aliments ultra transformés avec l’application openfoodfact, libre d’accès. Les aliments classifiés NOVA 3 et 4 sont à éviter. Cuisinez le plus possible à partir de produits bruts, locaux et labellisés « bio » si votre budget vous le permet.
* https://chemsec.org/testing-finds-that-8-out-of-10-packaging-materials-for-food-contain-highly-toxic-chemicals/
Action 2 : évitez les emballages alimentaires en plastique
Pour la même raison que ce que l’on vient d’évoquer pour les emballages de l’alimentation industrielle : les phtalates migrent dans les aliments et nous polluent. Privilégiez les achats de produits en vrac, plutôt que ceux déjà emballés sous plastique.
En clair, évitez d’acheter du fromage ou des charcuteries grasses déjà emballés, mais choisissez-les plutôt à la coupe. La migration des polluants chimiques augmente au contact du gras. Faites vos courses au marché, chez des petits commerçants, plutôt qu’en grande distribution. Et si vous avez acheté des produits déjà emballés, sortez-les de leur emballage, transférez-les dans des boites en verre ou en vrac dans un récipient pour les fruits, ou dans le bas du frigo en vrac pour les légumes.
Action 3 : des matériaux inertes pour chauffer les aliments
Prenez du verre ou de la céramique, mais ne chauffez jamais rien dans du plastique, au risque d’augmenter la quantité de molécules chimiques polluantes qui migrera dans votre aliment. Si vous consommez encore – ou parfois – des aliments déjà préparés, qui viennent du supermarché ou du traiteur, ne les réchauffez jamais dans les contenants en plastique. C’est assez simple de les transférer dans une assiette en verre, ou un bol en céramique. Ces matériaux sont inertes, c’est-à-dire qu’ils ne pollueront pas vos aliments ou liquides, car aucune molécule ne passera du contenant vers les aliments.
Action 4 : faites le tri dans vos cosmétiques
De nombreux cosmétiques contiennent ces phtalates qui permettent de conserver un parfum ou de rigidifier une molécule. Sur les étiquettes, ils ont de multiples identités : DEP, DBP, DnBP, mais ils peuvent aussi se cacher sous l’appellation «parfum» ou «fragrance ». Il y en a aussi dans tous les parfums, mais eux n’ont pas l’obligation de «révéler» leur liste d’ingrédients car c’est un secret de fabrication !
En clair, retenez que tous les parfums en contiennent : vous pouvez soit arrêtez d’en prendre, soit les mettre sur vos vêtements et sans utiliser le spray pour ne pas les inhaler.
Pour le reste, les phtalates sont présents dans les shampoings, de nombreuses crèmes, déodorants et dans les vernis à ongle. Choisissez des produits éco-labellisés, dans lesquels l’usage de ces produits est interdit : Nature et Progrès, Ecocert cosmétique biologique, Natrue, Cosmebio, Cosmos organic etc… Vous pouvez vous aider d’ applications libre d’accès comme Quelproduit, ou payantes, comme INCI Beauty pour repérer les molécules polluantes sur les produits que vous avez déjà, afin de pouvoir les remplacer.
Aux périodes de grossesse limitez sérieusement votre usage de cosmétiques non labellisés, qui contiennent aussi des parabens (conservateurs), eux aussi évacués quotidiennement par notre corps. Des études ont montré que l’exposition à des phtalates associés à d’autres polluants, notamment les parabens, augmentent les risques de prématurité et de troubles du langage pour l’enfant à naitre. Cela vaut le coup de faire le tri, non ?
Action 5 : Aérer 10 minutes par jour votre logement pour éliminer les polluants.
Nous passons 90% de notre temps à l’intérieur, que ce soit chez nous, au travail, dans les espaces collectifs ou dans les transports. Et contrairement aux idées reçues, l’air intérieur est plus pollué que l’air extérieur, jusqu’à 6 fois plus selon les différentes études à ce sujet.
Parmi les éléments polluants, on retrouve les phtalates, émis par les sols en PVC, les câbles et fils électriques, les matelas en mousse, les nappes en toile cirées, les rideaux de douche, les papiers peints plastifiés ou encore les peintures anti rayures. Ces molécules polluantes se diffusent à partir des objets qui les contiennent, car elles ne sont pas liées chimiquement aux produits. Une fois diffusées dans notre air intérieur, elles vont ensuite se stocker dans les poussières.
Pour limiter votre exposition à ces molécules, plusieurs conseils :
Aérer votre logement, votre bureau, 10 minutes par jour minimum, été comme hiver ;
Faites régulièrement le ménage avec des produits éco labellisés Ecocert, ecolabel) ou faits maison, afin de ne pas rajouter d’autres de perturbateurs endocriniens dans votre organisme : phtalates pour les parfums des produits ménagers, mais aussi triclosan ou alkyphénols ;
Ramasser la poussière avec des microfibres lavables qui sauront la bloquer et ne pas la remettre en circulation dans l’air ;
Soyez prudents au moment du changement du sac à aspirateur, mettez un masque ou bien achetez des sacs avec un clapet pour les fermer avant de le sortir de l’appareil.
Ne faites pas de travaux de peinture ou décoration pendant la grossesse et les débuts de vie de votre enfant. Choisissez des labels protecteurs pour les matériaux (label émission d’air A+, ange bleue).
Action 6 : des actions collectives nécessaires
Les sols en PVC sont très fréquents dans les écoles, dans les crèches. Tout comme les matelas en mousse. Ou les produits d’hygiènes non eco-labellisés. Tout ce qui émet des phtalates dans un air intérieur.
Vous pouvez vous mobiliser et mener des actions collectives pour limiter l’exposition aux perturbateurs endocriniens de vos enfants, de vos petits-enfants. Les crèches, les écoles, sont soient municipales, soient privées. Il est facile de les interpeller à ce sujet, la majorité des municipalités ont des services dédiés à la protection de la santé, de l’environnement, au développement durable.
Donnez-leur des exemples pour gagner du temps et leur montrer que le changement est possible. La ville de Limoges a passé au crible tout ce qui pouvait être modifié dans les achats pour les collectivités. Elle a été l’une des premières grandes villes en France à créer des écoles et des crèches sans perturbateurs endocriniens. L’organisme Recocrèche®, a pour mission de chasser les polluants des crèches. Ils analysent l’état de pollution d’un établissement, puis leur proposent un plan d’action concret. De nombreuses municipalités, et collectivités territoriales plus vastes ont signé avec le RES (Réseau environnement Santé) un engagement à limiter les perturbateurs endocriniens sur leur territoire. Cette association qui a déjà été à l’origine de nombreuses avancées protectrices dans le domaine, continue à être très active et inspirante. Elle a fait partie notamment des organismes qui ont permis de limiter le plastique dans les cantines scolaires.
https://www.recocreches.fr/
https://www.reseau-environnement-sante.fr/
Soutenez les capacités de votre organisme à se dépolluer
Le foie est un organe central dans nos organismes pour nous protéger des polluants. Il doit « désactiver » ou « détoxifier » ces polluants, une action qui génère de l’oxydation. Cette oxydation se surajoute à celle provoquée directement par les polluants dans tout notre organisme. Nos systèmes de défense anti-oxdyation sont souvent dépassés. Le foie devient moins efficace dans son action de détox et de protection, et nous ressentons un manque de vitalité. Plusieurs moyens pour renforcer notre protection contre ces effets :
Limiter le sucre omniprésent dans l’alimentation industrielle : Caché sous des appellations comme maltodextrine, amidons de mais, sirop de glucose, de fructose, 73% des plats tout prêts en contiennent, y compris les plats salés comme des vinaigrettes, pizzas, biscuits apéritifs, soupes. Le sucre en excès se transforme en gras dans nos organismes, y compris dans les cellules du foie, qui devient moins efficace !
Attention aux faux-amis dans les yaourts. Les yaourts aromatisés ou aux fruits contiennent jusqu’à 18 Gramme de sucre pour un pot de 125G, soit 75% de la quantité totale de sucre quotidienne, recommandée par l’OMS pour rester en bonne santé. On peut manger du sucre, se faire plaisir avec un dessert par exemple en fin de repas, mais là on a l’impression de consommer un yaourt, alors qu’il s’agit d’un dessert. Mieux vaut prendre des yaourts natures à sucrer soi-même. Vous n’en mettrez jamais autant que les industriels !
Consommez des légumes crus ou cuits à chaque repas. En les associant avec les glucides contenus dans les céréales ou féculents comme pain, pâtes, riz, pommes de terre, patate douce, maïs, sarrasin etc…, vous limitez ainsi l’absorption de ces glucides dans vos organismes.
Des nutriments indispensables. Le foie et nos systèmes de défense anti oxydants ont des besoins spécifiques de nutriments et de micro nutriments (vitamines, minéraux, oligo éléments) pour fonctionner.
Vous les trouverez en ayant une alimentation diversifiée, équilibrée, en mastiquant bien vos aliments et en cuisinant à partir de produits bruts, de saison, et bio si vous pouvez vous le permettre. Les légumes bio contiennent de 18 à 60 % d’anti oxydants en plus que dans les légumes de l’agriculture conventionnelle. Sans pesticides, ces molécules anti-oxydantes leurs permettent de se défendre contre les maladies. Et pour nous aussi ces anti-oxydants sont indispensables pour mieux lutter contre la fatigue et les pollutions.
La pollution environnementale est omniprésente. Notre action pour nous en protéger joue sur les deux tableaux. En limitant l’exposition à certaines molécules éliminées tous les jours par nos organismes. Et en parallèle, en renforçant les capacités de défense de notre organisme par nos choix alimentaires.
Article par Isabelle Doumenc, auteur, naturopathe et micronutritioniste.
Pour aller plus loin :
Un site : https://www.1000-premiers-jours.fr/fr/en_pratique
Cliquez sur les objets ou pièces de la maison. Vous découvrirez ce qui pollue et des idées pour modifier vos habitudes.
Des livres :
« J’évacue les perturbateurs endocriniens, c’est parti ! » éditions Jouvence
« 50 gestes pour détoxifier son intérieur » éditions Larousse
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