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La gestion psychologique du stress par Jérôme Hoessler

La gestion psychologique du stress par Jérôme Hoessler

12/05/2023

Parce que les efforts les plus consciencieux d’amélioration des conditions de travail ne peuvent éliminer toutes les sources professionnelles de stress, il semble nécessaire et intelligent de former les salariés à développer des stratégies adaptatives de gestion du stress.

Parmi ces stratégies : la gestion psychologique du stress.

Nous ne sommes pas tous égaux face au stress. Une même situation professionnelle suscitera chez l’un, du stress, chez l’autre, de l’indifférence. Et, chez la même personne, un événement peut, à un moment donné, entrainer une réponse de stress, et aucune réaction – ou plus exactement peu de perturbations liées au stress – à un autre moment.

Le traitement de l’information.

Nous avons tendance à sélectionner certains messages qui nous parviennent et à en laisser d’autres de côté. C’est ce que l’on appelle le traitement de l’information. Par exemple, un sujet déprimé sera plus sensible aux évènements négatifs de son environnement et aura tendance à être moins attentif aux éléments positifs.

Lors de travaux effectués auprès de conducteurs de bus, il a été montré qu’au fur et à mesure que le stress des chauffeurs s’accumulait, leurs interprétations des comportements des passagers devenaient elles-mêmes de plus en plus négatives. Ainsi, lorsqu’un passager montait sans présenter son titre de transport, l’évaluation automatique faite par un conducteur stressé était: « il le fait exprès», «il me provoque» ou encore «il me méprise», plutôt que «il est peut-être dans la lune ou dans ses pensées». Cette lecture négative fait partie de la réponse de stress, mais tend surtout à la maintenir voire à l’aggraver.

La double évaluation

Face à une situation stressante, nous procédons instantanément à son évaluation de manière subjective en évaluant deux éléments: d’une part, le risque ou la menace du stresseur et, d’autre part, nos ressources psychologiques, intellectuelles et matérielles en notre possession pour affronter efficacement la situation.

Par exemple, un salarié interrogé au cours d’une réunion par son supérieur va présenter une réaction de stress plus ou moins importante selon ses deux évaluations :
– Evaluation du stresseur: La question posée est-elle difficile? S’agit-il d’une réunion capitale ou d’une question de routine ?

– Evaluation de ses propres ressources: suis-je à l’aise avec le sujet ? Suis-je capable de relativiser en cas d’erreur ? Quel est mon rapport à la perfection et aux jugements d’autrui ?

Si ces deux évaluations dépendent largement de notre personnalité, de nos expériences passées et de notre humeur du jour, elles vont néanmoins déterminer le déclenchement ou non de la rection de stress. C’est-à-dire que le stress va se manifester si nous avons évalué que nos ressources étaient insuffisantes par rapport à la menace. La deuxième évaluation influence considérablement la première.

Quoi faire ?

Si la manière d’interpréter ou de penser une situation influence notre niveau de stress, nous avons dès lors un travail difficile mais passionnant à faire sur nos pensées. Marc Aurèle, empereur et philosophe romain (121 – 180 ap. J-C), nous propose une piste : « Si quelque objet extérieur te chagrine, ce n’est pas lui, c’est le jugement que tu portes sur lui qui te trouble ». Apprendre à critiquer et à corriger nos jugements pour gagner un peu plus en discernement…

Article par Jérôme Hoessler, Psychologue clinicien, formé aux sciences du comportement et à la psychologie cognitive.

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