Voici trois histoires de croyances qui mettent en lumière comment elles fonctionnent et leur utilité.
Un homme dans un hôpital psychiatrique est persuadé qu’il est mort et ne vit ni sur terre ni au ciel. Son thérapeute, cherchant à lui faire retrouver raison, lui pose la question de savoir si les cadavres sont susceptibles de saigner. Son patient lui répond de façon immédiate, en lui expliquant que comme les fonctions vitales sont interrompues, il ne pouvait en être ainsi.
Trouvant là la brèche dans laquelle s’engouffrer, le psychiatre propose donc à son patient de lui couper légèrement le doigt pour en avoir le cœur net. Après l’avoir piqué avec une aiguille, le patient voit poindre au bout de son doigt une perle rouge de sang. Et lui de reprendre immédiatement : « moi qui étais persuadé que les cadavres ne saignaient pas ! Maintenant je sais que les morts peuvent saigner ! »
Autrement dit, une habitude fréquente de notre cerveau est de corriger la « dissonance cognitive » (il y a « dissonance cognitive » dès que ce que je vois invalide ce que je crois) pour maintenir la stabilité et la cohérence interne de notre compréhension du réel. Ce qui nous amène à dire que « nous ne croyons pas ce qui est vrai mais nous disons que c’est vrai parce que nous le croyons. »
Un jeune père de famille explique à Paul, son tout jeune garçon de 18 ou 20 mois, en lui montrant la prise de courant qu’il ne faut pas mettre les doigts dedans. Sinon il lui donnerait une fessée. La notion de fessée n’est pas claire du tout pour Paul mais il comprend aux sourcils froncés de son père que cela n’a pas l’air agréable ! Néanmoins, sa curiosité étant piquée au vif, il profite de l’absence de son père pour s’essayer à mettre les doigts dans la prise (comme il se doit !).
Il associe alors la décharge électrique qu’il ressent à la fessée de son père. Le temps passe et Paul devient lui-même père de famille.
Ayant vécu l’expérience de la prise électrique sans l’avoir revisitée en l’analysant a posteriori, il explique à sa fille Julie de 18 ou 20 mois qu’il ne faut pas mettre les doigts dans la prise de courant.
Et il ajoute avec les sourcils froncés : « …Parce que dans la prise, il y a ton grand père et sa fessée fait très mal ! »…
Autrement dit, cet exemple indique que l’élaboration de notre représentation du réel procède d’un double mouvement : 1. l’enfant trouve une croyance qui fait sens pour lui dans ce qui est fait et dit par l’entourage. Il adhère au système de croyances qui est sous-tendu. 2. il utilise sa propre réflexion enfantine, réelle bien qu’incomplète et manquant de recul critique sur la condition humaine.
Un père de famille emmène son jeune fils au cirque. Le numéro avec les éléphants impressionne énormément le garçon. Il les voit soulever plusieurs personnes simultanément, porter des charges montrant combien les éléphants sont puissants, peut-être même un peu effrayants tant leur force semble potentiellement dévastatrice si elle n’était pas apprivoisée. Le lendemain, il demande à son père de retourner voir les éléphants, mais cette fois à la ménagerie pour les observer « de près ». Un des éléphants est dans un enclos attaché à un pieu en bois. Le fils s’étonne de ce que l’animal reste ainsi attaché et ne tire pas sur la corde pour se libérer de sa longe et profiter plus amplement de l’espace qui lui est imparti. Il s’en confie à son père qui lui répond : « lorsque ce n’était qu’un éléphanteau, le pieu tenait effectivement l’animal. Il n’était pas assez fort pour s’en détacher. Même si aujourd’hui il le pourrait, il n’a sans doute pas vérifié que c’était le cas. Il s’est donc habitué à la longe qui le tient, alors que celle-ci n’est pas plus solide pour lui qu’un fil de couture ne l’est pour nous ! »
Autrement dit, nos croyances agissent sur notre liberté en définissent les contours limitants.
Jérôme Curnier, Coach professionnel, auteur de la collection « Coaching global » et conférencier
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